Le livre
pour une réappropriation citoyenne de technologies durables
Nous vivons une crise sociale, économique et environnementale majeure. Les origines de cette crise sont parfaitement identifiées par bon nombre de penseurs dont vous faites peut être partie. L'objet de cet ouvrage n'est donc pas de refaire l'inventaire de ses origines, déjà largement débattues : création monétaire par le crédit au profit des banques privées devenues créancières des états, démesure du productivisme financiarisé, libéralisme de marché, démesure technologique, etc. Je suis pragmatique et je m'intéresse aux solutions, en particulier dans le domaine technologique. Notre monde est complexe car les interactions sont aujourd'hui planétaires et il est difficile de comprendre qui décide de quoi et dans quel périmètre d'influence. Je travaille pour l'industrie depuis 25 ans, dans le développement des outils de production et plus récemment sur des sujets de recherche en énergies renouvelables. Je suis moi-même chef d'entreprise et, de l'intérieur de ce monde, j'observe l'avènement des nouvelles technologies, des valeurs qu'elles servent. Je ressens de moins en moins d'affinité avec la politique industrielle actuelle. Elle est, de mon point de vue, beaucoup plus au service de la finance que du bien être humain.
J'ai pris conscience, comme Kofi ANNAN secrétaire général de l'ONU l'a fait en 1999, que c'est notre système productif qui est le véritable moteur sociétal, pas les états, car c'est le créateur de richesses de notre économie. L'objectif de ce livre est de vous faire partager un regard le plus objectif possible sur notre manière de produire, son utilité et ses impacts. Je propose des solutions concrètes pour construire un système de production réellement au service de l'humain et de l'équité sociale, respectueux de la nature et des ressources qu'elle nous offre. Je suis convaincu qu'une manière de produire des objets vraiment utiles, organisée sur ces nouvelles bases et défendant des valeurs humanistes, peut amorcer une mutation sociétale et économique fondamentale. Mes propositions sont un peu en marge du « développement durable » car elles relativisent la notion de croissance et sont beaucoup plus en ruptures avec le système productif actuel.
La démarche se veut globale et démocratique car, dans un système équilibré, on ne peut pas dissocier : techniques, organisation de production, commerce de distribution, financement, concurrence de marchés, études des besoins réels, comptabilité, forme juridique d'entreprise, législation du travail et du commerce. Cet ouvrage va donc rentrer dans des considérations parfois techniques sur ces différents aspects, car il intègre les réalités entrepreneuriales. Il ne prétend pas non plus apporter « les seules et bonnes solutions », il a vocation à ouvrir les portes des possibles et invite des collectifs citoyens à « faire ensemble » en prenant bien conscience que nous sommes tous interdépendants et qu'il n'y a de vraies valeurs que dans ce qui se partage.
Nous vivons dans une société du tout jetable. Nos produits sont fabriqués au bout du monde et le travail disparaît sur nos territoires. La démarche écologique commence à faire évoluer l'industrie vers des procédés économes en ressources et moins polluants. Mais ce « développement durable » reste limité par d'anciennes conceptions – technologiques, énergétiques et organisationnelles – liées aux impératifs de croissance et de rentabilité financière. Nous avons besoin d'un changement plus fondamental. Je propose pour cela des solutions très en rupture, et néanmoins concrètes, pour construire un système de production au service de l'humain et de l'équité sociale, respectueux de la nature et des ressources qu'elle nous offre. Le concept exposé dans cet ouvrage vise le double objectif technologique et social :
Les structures de production multinationales et les réseaux de distribution associés, collectent l'argent des clients pour en centraliser une part importante vers leurs actionnaires. Cette masse monétaire quitte alors l'économie réelle au profit de l'économie virtuelle des marchés financiers de la spéculation. Pour favoriser l'économie circulaire sur les territoires, il importe donc de ramener certaines structures de production à l'échelle humaine, et d'en organiser la gouvernance pour conserver les profits dégagés dans l'économie réelle. Nos échanges vitaux sont asphyxiés par le manque d'argent en circulation dans notre économie réelle. Rappelons qu'aujourd'hui 98% de la masse monétaire mondiale est mobilisée dans l'économie virtuelle des marchés financiers, il est donc parfaitement compréhensible que 2% ne peuvent plus suffire aux échanges vitaux du plus grand nombre.
Pour atteindre les deux objectifs précités, nous ne devons pas seulement repenser un outil de production ou un mode de comptabilité de manière isolée, nous devons raisonner plus globalement en étudiant tous les maillons de la chaîne productive, en comprenant bien les articulations qui les relient afin d'en garder la cohérence structurelle.
Cet ouvrage propose aux citoyen(ne)s de s'organiser pour se réapproprier la maîtrise des systèmes de production des biens de consommations indispensables à la vie courante. Les secteurs industriels traités sont clairement identifiés par taille et par niveau technologique.
La chronologie du livre passe d'abord par un bref historique des technologies de production depuis l'après guerre jusqu'à aujourd'hui, en replaçant les évolutions marquantes dans le contexte économique et politique de la période. Nous nous posons ensuite des questions philosophiques sur l'utilité technologique, sa relation à l'humain, et les valeurs qu'elle sert. Le cœur du livre concerne les aspects techniques et pratiques des systèmes productifs dans leurs différentes composantes : technologiques, organisation de production, distribution, concurrence des marchés mondialisés, comptabilité, forme juridique d'entreprise, législation du travail et du commerce. Nous trouvons ensuite un exemple prospectif mettant en scène les différentes approches et structures concernées au niveau d'un territoire, tout en fournissant les références nécessaires à une étude approfondie des pistes décrites. En fin d'ouvrage, des pistes méthodologiques sont proposées pour les collectivités locales souhaitant mettre en place un réseau d'éco-industries. L'approche se veut globale et j'ai cherché à faciliter la compréhension de nos systèmes productifs à des lecteurs néophytes, car ils sont mal connus du grand public mais pourtant si structurants pour notre organisation sociétale.
Les idées présentées dans ce livre ne sont ni du domaine de la science fiction, ni de celui de l'utopie. Elles sont, pour leur quasi totalité, déjà en application dans notre monde réel, dans différents endroits du monde et dans différentes cultures. Mais elles ne sont pas encore suffisamment articulées entre elles dans un cadre cohérent. Nous avons donc seulement à choisir de les appliquer. Lorsque je parle de choisir, je parle du choix personnel de chaque individu, avec d'autres individus en local, pas d'un choix que nos politiques feront à notre place. Beaucoup de grandes organisations fonctionnant aujourd'hui sont parties d'initiatives citoyennes. Ainsi, le seul domaine des coopératives, présentes dans 90 pays, représente 100 millions d'emplois dans un million de coopératives et 1 milliard de personnes en sont membres. Au risque d'en décevoir certains, cet ouvrage n'est pas un rêve fait d'idées totalement innovantes, mais un ensemble de propositions très concrètes, profondément ancrées dans les réalités du monde d'aujourd'hui, et applicables immédiatement.
Vous trouverez le livre dans tous les circuits de distribution habituels. Ma préférence va au libraire local qui fait travailler des salariés sur place ou en commandant directement sur le site de notre Éditeur, engagé depuis de nombreuses années dans la transition de société et qui créé aussi du travail localement.
Bonne lecture
Luc DANDO